Qu'elle plaise ou non, cette station hors normes a de l'allure.

À l'affiche : glisse à travers les Portes du Soleil, concerts décoiffants et standing à la hausse.

Le week-end de la mi-décembre, 8000 personnes se sont précipitées à Avoriaz. Des jeunes, skieurs et snowboardeurs qui, pour rien au monde, n'auraient manqué «Rock the ultimate». Dix ans que la station organise ce début de saison en fanfare, mixage de tests de matériel en journée et décibels en après-ski. Or, le mois dernier, Shaun White était en concert. Vous ne connaissez pas? Parlez-en à vos ados. C'est le roi du freestyle, la «tomate volante» (il a les cheveux roux) des half-pipes, double champion olympique de la discipline à Turin (2006) et Vancouver (2010). Et quand il ne glisse pas, il gratte: c'est le guitariste du groupe de rock californien Bad Things. Voilà pour illustrer l'osmose entre ski et musique, le nouveau credo de la station de Haute-Savoie.

À l'approche de la cinquantaine - en 2016 -, quand d'autres se calment, elle, se déchaîne. La musique, elle s'y est mise en moins d'une décennie. Sa partition est si bien affûtée que tout l'hiver, c'est la fête. Pop, jazz, électro… il y en a pour tout le monde sur ce snow-dance floor géant. Apothéose avec Rock The Pistes, 5e édition du 15 au 21 mars, un festival itinérant sur le domaine skiable des Portes du Soleil. On se rend au spectacle à ski et l'on déchausse au pied de la scène posée sur la neige. Tête d'affiche à Avoriaz: Charlie Winston le 16 mars.

Comme la plupart des stations d'altitude, Avoriaz, 1800 m, fut créée pour la glisse. À cette différence près que sa naissance s'accompagna d'un tapis blanc déroulé entre plusieurs villages de la région: du jamais-vu à l'époque. Cette première grande évasion sur des pentes balisées et entretenues est restée le must des Alpes: 650 km de pistes entre douze stations. On y joue même à saute-frontière entre la France (Chablais) et la Suisse (Valais). Avoriaz mène le bal, fichée en plein cœur de l'immense terrain de jeu, baptisé sur le papier, avant même son ouverture, «Les Portes du Soleil». C'était il y a pile cinquante ans.

À première vue

Son étrange architecture, signée Labro, Roques et Orzoni dans les années 1960, surprend et déroute un brin. Hérissée d'immeubles anguleux habillés de tavaillons, Avoriaz fut surnommée «la pomme de pin». Avec le temps, elle a pris des tons changeants. Selon l'orientation, le cèdre rouge des hautes façades a viré au gris cendre ou au roux. Fantasmagorique au coucher du soleil, Avoriaz a de l'allure et ne laisse pas indifférent.

À ski, à pied ou en traîneau

C'est depuis l'origine une station «tout piéton». Ou plutôt du «tout skieur», vu que les rues sont des pistes. Ceux qui glissent sur des planches ont donc la priorité sur tous les autres, dans l'ordre, les marcheurs et les lugeurs ex aequo puis les traîneaux. Magnifiques ces traîneaux, avec de vrais patins, tirés par des chevaux, une centaine d'équidés engagés chaque hiver comme saisonniers. À l'arrivée, c'est eux qui vous conduisent à votre lieu de résidence avec armes et bagages puisque les voitures sont interdites. Ils officient de 8 heures à 19 heures, relayés ensuite, toute la nuit, par des chenillettes. On les commande comme des taxis, 9/10 € la course de cinq minutes: la ruine. À moins de crapahuter d'un point à l'autre, mais la station est étendue… À quand des navettes incluses dans le forfait de ski?

Les Dromonts new-look

L'unique hôtel de la station est comme neuf, rénové de pied en cap par le groupe Sibuet de Megève. Sa marque de fabrique se retrouve au spa Pure Altitude, la griffe maison, superbe avec ses murs tapissés de tavaillons. Ainsi qu'au restaurant Les Enfants terribles, rouge du sol au plafond, tamisé (un peu trop), chic et cher (49 € la sole meunière) mais on peut aussi s'attabler au Festival (14 € la soupe, 24 € la potée savoyarde). Dans les 28 chambres et 6 suites (à partir de 156 € et 506 €), l'espace a été optimisé au maximum, d'où les rangements exigus pour un 4-étoiles… Dommage par ailleurs que les baignoires ne soient pas équipées d'une douchette pour éliminer les restes de savon. Mais bravo pour le confort des lits. Quant à la déco, c'est du sixties pur jus, des tons (orange, violet…) aux fauteuils «œufs», des imprimés des tissus à la galerie photos de people (non légendées, on s'y perd). Pour les plus jeunes, c'est ultratendance mais pour les vétérans de cette glorieuse époque, entre nous, c'est too much.

Tél.: 04 56 44 57 00  et www.hoteldesdromonts.com

Sweet home 5-étoiles

Les nouveaux fleurons résidentiels s'appellent Amara et Kouria. Le premier est une résidence Pierre & Vacances Premium, 204 appartements du deux-pièces de 40 m² au minimum jusqu'au cinq-pièces, facturés respectivement 2 800 € et 7 000 € la semaine en février. Le séjour est vaste, les chambres un peu moins mais elles ont chacune leur salle de bains. Dotée d'un spa Deep Nature (soins Algotherm), d'une piscine avec bains bouillonnants, d'un sauna, d'une salle de fitness, d'un jacuzzi extérieur et d'un espace enfants (payant), cette résidence se trouve à l'entrée de la station. On peut ainsi, du parking, monter directement chez soi sans passer par la case traîneau...

Tél.: 04 50 84 53 00  et www.pierreetvacances.com

Quant au Kouria, c'est une ancienne résidence Pierre & Vacances, rénovée cet hiver en immeuble locatif par l'Immobilière des Hauts-Forts. Celle-ci a cassé les murs des 61 appartements pour en faire 16 (!), de trois à cinq chambres (3 000 € à 8 000 €), avec salle de bains privative. Déco soignée, vastes séjours lumineux ouverts sur des balcons-terrasses eux aussi tout neufs, c'est ce qui se fait de mieux à Avoriaz. Pas de réception mais piscine, hammam, jacuzzi et service traiteur.

Tél.: 04 50 74 16 08  et www.avoriaz-holidays.com

Opération portes ouvertes

Partir chaque matin en balade et s'attabler sur une terrasse gourmande pour déjeuner, voilà le charme des Portes du Soleil. Une nouvelle appli pour smarphone permet maintenant de choisir son itinéraire selon son niveau (facile, intermédiaire, expert). Elle sert de GPS, tient compte des ouvertures des installations en temps réel et envoie des messages aux traînards avant la fermeture imminente des remontées mécaniques. Tout cela via Internet bien sûr, sauf que sur ce domaine transfrontalier, on a vite fait d'exploser son forfait... Mieux vaut donc, si vous allez en Suisse, télécharger votre circuit le matin puis débrancher.

Exemple de périple franco-helvétique, au départ d'Avoriaz en direction de Champéry. Soit l'on attaque sportivement par le «mur suisse» la piste noire la plus raide d'Europe, jamais damée donc diablement bosselée, soit l'on joue la prudence sur les pentes bleues et rouges de Mossette. Au sommet du télésiège de Planachaux, la terrasse de Coquoz, adresse historique du domaine, vous tend les bras. Au menu: des spécialités à base de plantes des montagnes, le panorama sur les Dents du Midi et les Dents Blanches et du vin blanc du Valais, mais pas trop quand même car la journée de ski n'est pas terminée.

Réservation conseillée,  tél. +41 (0)24 479 12 55

On va maintenant descendre à Champéry par le Grand Paradis. Cette superbe longue route enneigée serpente entre les sapins givrés (le soleil n'entre pas ici) et arrive au milieu des veilles fermes d'alpages engourdies tout l'hiver. Retour par le télésiège du Grand-Paradis. La saison de ski 2015 durera jusqu'au 26 avril. Forfait 6 jours Portes du Soleil: 242,50 € jusqu'au 27 mars puis 206 € (réductions enfants, jeunes et seniors).

Génération freestyle

Qui dit jeunes dit glisse branchée. Réponse: quatre snowparks et un half-pipe! Mais mieux vaut laisser ce dernier, shappé aux normes de la compétition internationale (120 m de long et 12 m de haut) à la «tomate volante». Ainsi que le snowpark de Arare, tout de lignes de modules noires, spécial experts. En revanche, les trois lignes bleues du snowpark de la Chapelle conviennent à l'apprentissage, squattées d'ailleurs par les écoles de ski pour leurs stagiaires de 12 ans et plus. Le Kid's Park Way a été conçu pour les 5-10 ans. Et le Riglet Park importé des États-Unis pour les bébés-snowboardeurs de 3 et 4 ans. Reste le Stash, la fierté d'Avoriaz: 100 modules de bois nichés dans la forêt. Et il y en a pour tous les niveaux.

Ambiance polaire  ou tropicale

Un igloo vient d'être construit sur le secteur Arare. On y accède en télésiège puis à ski. Au programme: un verre dans la journée, fondue le soir (95 € avec retour en chenillette) ou nuit polaire dans l'une des deux chambres (pour 175 € par personne avec le dîner et le petit-déjeuner). Pas nouveau ici, mais nettement plus original - les igloos, eux, ne se comptent plus dans les stations -, l'Aquariaz est une bulle tropicale identique, en modèle réduit, à celles des Center Parcs, d'ailleurs maître d'œuvre de ce lagon des cimes il y a trois ans. Végétation luxuriante, jeux d'eaux, mercure au top, tout y est. Et barboter comme aux Caraïbes avec la vue sur les sommets en prime, ça en jette. Surtout quand les télésièges frôlent les baies vitrées. Ouvert du lundi au vendredi et le dimanche de 14 heures à 20 heures. Entrée 8 € ou 10 € selon l'heure (5/7 € pour les enfants de 5 à 11 ans).