Madame Figaro. - Comment vous est venue l’idée d’un atelier qui apprend à décrypter le vrai du faux dans tout ce qui est présenté comme de l’information ?
Sophie Mazet.
- Après avoir découvert The Onion, un média parodique aux États-Unis, j’avais proposé à mes élèves en cours d’anglais plusieurs documents à étudier, les prévenant que parmi eux s’était glissé un «faux» texte à repérer. Je pensais que c’était facile : il y avait, par exemple, un faux discours de Barack Obama qui se terminait par «Fuck you !». Ils n’ont rien vu, sauf une élève. Après cette expérience, j’ai proposé à ma chef d’établissement cet atelier d’«autodéfense intellectuelle» pour les élèves de première, sur la base du volontariat.

Quelle est votre méthode ?
Elle comprend une partie de cours magistral et une autre de travaux pratiques. Par exemple, je commence par leur transmettre des connaissances sur la rhétorique et les arguments fallacieux, sur la sophistique. Puis, on organise un faux procès : les élèves sont les avocats, leur but est de faire acquitter leur client avec une plaidoirie emplie d’arguments le plus fallacieux possible. Je prends la place du juge : le gagnant est celui qui a réussi à caser le plus d’arguments de ce genre. J’organise aussi un cours sur l’embrigadement et les sectes, à la suite duquel ils doivent créer leur propre secte et m’expliquer comment ils vont recruter, en utilisant les éléments du cours. Ou encore un cours sur le complotisme. Comme les francs-maçons peuvent servir de boucs émissaires dans diverses théories du complot, j’ai proposé une visite au Musée de la franc-maçonnerie, à Paris, où nous avons été reçus par un super conservateur. Il a expliqué aux élèves le fonctionnement des loges en comparant les grades à ceux d’un club de foot.